Santa Maria in Aracoeli

Commentaire culturel

Surplombant majestueusement le sommet le plus élevé du Campidoglio, la basilique de Santa Maria in Aracoeli s’élève à l’emplacement du temple de Giunone Moneta, datant du VIe siècle. Son nom trouve son origine dans une légende selon laquelle une sibylle aurait prophétisé à Auguste la venue du fils de Dieu, déclarant « Haec est ara filii Dei » – « Ceci est l’autel du fils de Dieu » – d’où le nom Ara Caeli. Transformée en abbaye bénédictine au XIe siècle, puis confiée aux frères mineurs qui la rénovèrent, la basilique présente aujourd’hui un mélange captivant d’architecture romane et gothique. Au Moyen Âge, elle était un lieu d’une importance capitale, où les conseillers se réunissaient pour débattre de la « Res Publica » – une sorte de nouveau forum romain. C’est ici que Cola di Rienzo s’adressa au peuple et que les élections des Caporioni de la ville eurent lieu. En 1341, le poète Francesco Petrarca y reçut même une récompense.
La chapelle Bufalini conserve de remarquables fresques de Pinturicchio sur la vie de saint Bernardin. La chapelle Saint-Antoine abrite des fresques de Benozzo Gozzoli, la sacristie une Sainte Famille de Julio Romano, des œuvres de Gherardi, une Vierge de Pietro Cavallini… le tombeau de Cecchino Bracci par Michel-Ange, la pierre tombale de Giovanni Crivelli par Donatello…
En 1348, afin de mettre fin à l’épidémie de peste qui sévissait en Europe, un nouvel escalier en marbre composé de 124 marches fut érigé en ex-voto à la Vierge. Il fut construit à partir du marbre provenant de l’escalier du temple de Sérapis sur la colline du Quirinal et inauguré par le tribun Cola di Rienzo. Cet escalier, considéré comme une véritable Scala Santa, était gravi à genoux par les célibataires en quête d’un conjoint, les femmes désirant avoir un enfant, les mères cherchant du lait pour leurs nourrissons, voire celles espérant remporter la loterie. Toutefois, l’église est surtout renommée pour la Sainte Enfant, une sculpture qui, selon la tradition, aurait été réalisée dans le bois des oliviers de Gethsémani au mont des Oliviers . Le Bambinello dell’Aracoeli était chéri des Romains qui lui attribuaient des pouvoirs miraculeux, tels que la résurrection des morts et la guérison des malades graves. Malheureusement, il fut volé en 1994 et n’a jamais été retrouvé.

Pendant l’occupation française et la République de 1797, l’église fut profanée et transformée en écurie. Après la fin de la période napoléonienne à Rome, elle fut restaurée, mais, à partir de 1870, elle échappa de justesse aux travaux de démolition pour la construction du Vittoriano. Son sol, de style cosmatesque, abrite de nombreuses tombes et pierres tombales, parmi lesquelles se distingue celle de l’archidiacre d’Aquilée, Giovanni Crivelli, réalisée par Donatello, qui fit escale à Rome entre 1431 et 1433.

Commentaire spirituel

Cette basilique a été confiée aux franciscains. Cet ordre créé en 1210 par saint François d’Assise avec pour règles : la pauvreté, la fraternité, l’obéissance. Par son exigence, le nouvel ordre contribue à la réforme de l’Église après des excès (luxe, comportements). Tout au long de l’histoire, c’est un ordre puissant par son influence : cinq papes, 90 cardinaux et des milliers d’évêques. Au 17° s., 150 000 religieux et religieuses de la famille des franciscains. Aujourd’hui, environ 55 000, sans compter les laïcs rattachés à des confréries (350 000 en 1995).

A côté des quatre basiliques majeures (Saint-Jean-de-Latran, Saint-Pierre-du-Vatican, Saint-Paul-hors-les-Murs, Sainte-Marie-Majeure), l’Eglise catholique romaine distingue dans le monde entier de nombreuses basiliques dites mineures, rassemblant en nombre les pèlerins autour du Christ, de la Vierge ou encore des reliques d’un saint particulièrement vénéré, ou remarquables par leur antiquité, leur réputation, leur taille ou leur beauté. Leur titre honorifique octroyé par le pape leur donne la préséance sur toutes les autres églises, à l’exception de la cathédrale de leur diocèse.