Commentaire culturel

À quelques 300 mètres au-delà du majestueux Colisée, sur le chemin menant de la vallée entre les collines Oppio et Celio, se dresse la basilique Saint-Clément-du-Latran. Comptant parmi les plus anciennes basiliques de Rome, elle fut construite autour de 385 après J.-C. en l’honneur de saint Clément, le troisième pape de l’histoire.

Ce sanctuaire se compose en réalité de deux églises superposées, édifiées sur des bâtiments romains de l’époque républicaine ainsi que sur les vestiges d’un temple dédié au dieu Mithra.

L’église inférieure a été le théâtre de divers conciles au Ve siècle, restaurée aux VIIIe et IXe siècles, puis détruite lors de l’invasion de Robert le Guiscard en 1084. En 1108, sur ses ruines, le pape Pascal II a érigé l’église supérieure qui fut ensuite remodelée sous le pontificat de Clément XI par l’architecte Carlo Fontana. Ce dernier créa une modeste façade baroque en utilisant d’anciennes colonnes de granit pour le portique à arcades.

Le clocher, érigé entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, se trouve sur le côté gauche de la façade. L’intérieur de la basilique supérieure, bien qu’ayant subi des modifications importantes, conserve encore de précieux éléments de l’ancienne structure. Avec ses colonnes romaines en marbre et granit à chapiteaux ioniques, elle se divise en trois nefs et abrite dans son abside une magnifique mosaïque représentant le Triomphe de la Croix (XIIe siècle). Le sol présente une remarquable marqueterie de marbre polychrome dans le style Cosmatesque.

Commentaire sur la mosaïque

L’arc triomphal qui encadre l’abside, présente au centre le Christ tenant les Écritures et les symboles évangéliques (les animaux ailés : l’homme pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean). L’ajout du plafond gêne la vue. À droite, saint Pierre montre son disciple saint Clément reconnaissable à l’ancre qu’il tient dans les bras et au bateau sous ses pieds, symboles de son martyre qui en fit le patron des marins. Jérémie, au-dessus de Jérusalem soutient Pierre comme l’Ancien Testament soutient le Nouveau. À gauche, saint Laurent sous la protection de saint Paul montre le gril de son martyre. Isaïe, au-dessus de Bethléem soutient Paul (le Nouveau Testament accomplissement de l’Ancien).

Cette mosaïque présente le Triomphe de la Croix : tout converge vers la Croix, le nouvel Arbre de Vie planté par le Christ sur la colline du Paradis d’où jaillit l’eau vive des quatre fleuves qui irriguent le Monde comme les quatre Évangiles. Juste au-dessus de la Croix, la main du Père tend la couronne au Fils. Douze colombes entourent le Christ sur la Croix. La Vierge et saint Jean encadrent le Christ. À noter la nature qui se développe autour de la Croix, c’est le Christ source de la vie.

Dans la chapelle de Santa Caterina, vous pourrez contempler les fresques relatant la vie du saint, réalisées par Masolino da Panicale.

La basilique inférieure et les vestiges romains

L’archéologie prouve l’antiquité du culte de saint Clément à Rome. En 1857, à l’occasion du millénaire de saint Cyrille, apôtre des Slaves que l’on croyait enterré dans l’église, des fouilles furent entreprises. On ne le trouva pas mais une abside fut découverte dans le sous-sol, la basilique qu’avait connue saint Jérôme, au 4° s. : un narthex, trois nefs et une abside.

La basilique inférieure abrite plusieurs fresques, dont la célèbre « Légende de Sisinno » datant entre 1084 et 1100, qui témoigne du vernaculaire italien primitif. On peut également y trouver quelques fragments des reliques de saint Cyril, évangélisateur des peuples slaves et co-inventeur, aux côtés de son frère Méthode, de l’alphabet glagolitique, à l’origine de l’alphabet cyrillique.

En descendant encore plus bas, on découvre des vestiges de constructions romaines de l’époque impériale ainsi qu’un Mithraeum, dont un autel en marbre est conservé, représentant la mise à mort du taureau par Mithra. Une visite à la basilique de San Clemente in Laterano vous plongera dans les profondeurs de l’histoire romaine, révélant ses multiples strates et ses trésors architecturaux et artistiques.

Suggestions pour la visite

Il est dommage de se contenter d’un coup d’œil rapide à la basilique supérieure : la visite des fouilles permet d’admirer de splendides fresques paléochrétiennes ainsi le mithraeum, bien conservé.

Commentaire spirituel

D’après la tradition, la basilique a été construite à l’emplacement de la maison du troisième successeur de Pierre.
Le pape Clément, dont les reliques sont déposées dans la basilique, est vénéré comme saint et martyr par les Églises catholique, orthodoxe, copte orthodoxe et anglicane d’Angleterre. Il est connu principalement par sa lettre apostolique adressée par l’Église de Rome à celle de Corinthe (« Premier épître de Clément » ou « Epître de Clément aux Corinthiens »), postérieure d’une quarantaine d’années aux deux épîtres adressées par Paul de Tarse à la même communauté.

Saint Ignace d’Antioche, évêque martyrisé à Rome en 107 ou 113, est également enterré dans la basilique Saint-Clément, qui abrite aussi les reliques des saints Cyrille et Méthode, qui évangélisèrent les peuples slaves de l’Europe centrale.

A côté des quatre basiliques majeures (Saint-Jean-de-Latran, Saint-Pierre-du-Vatican, Saint-Paul-hors-les-Murs, Sainte-Marie-Majeure), l’Eglise catholique romaine distingue dans le monde entier de nombreuses basiliques dites mineures, rassemblant en nombre les pèlerins autour du Christ, de la Vierge ou encore des reliques d’un saint particulièrement vénéré, ou remarquables par leur antiquité, leur réputation, leur taille ou leur beauté. Leur titre honorifique octroyé par le pape leur donne la préséance sur toutes les autres églises, à l’exception de la cathédrale de leur diocèse.

Infos pratiques

Via di San Giovanni in Laterano, 110 00184 Roma, Lazio, Italie
Voir sur la carte

Ce lieu en images