Commentaire culturel

La basilique(mineure) Sainte-Praxède trouve son origine dans une antique tradition remontant au I° siècle et aux tous premiers temps du christianisme puisque l’histoire de cette église commence avec Pierre et Paul, amis de saint Pudence, sénateur converti par saint Paul et père de sainte Praxède.

Sous la République, la présence d’un immeuble est notée.
A la fin du I° siècle, les sœurs Praxède et Pudentienne meurent. Une pièce de leur maison patricienne est dédiée au culte chrétien. L’église est ainsi un ancien titulus (maison d’un particulier qui accueillit le culte chrétien).
Au V° siècle, une première église est construite sur l’emplacement.
Au VIII° siècle, l’église est reconstruite par le pape Adrien I°.
Au IX° siècle, l’église est agrandie par le pape Pascal I°.
Au XIII°, trois arcades transversales sont ajoutées pour consolider la basilique.
Au XVI° siècle, l’atrium est détruit par saint Charles Borromée qui construit son palais.
Au XVII° siècle, les arcades sont ornées de fresques.
Au XIX° siècle, le plafond à caissons est créé.
La suppression de l’atrium au XVI° siècle rend la façade de briques assez austère.
Dans la nef, chaque travée propose dans l’esprit de la Contre-réforme une fresque qui, avec la Passion du Christ, met en scène la dramaturgie de la messe : le Christ à Gethsémani, l’arrestation de Jésus, le Christ devant Caïphe, Jésus devant Pilate, la flagellation, le couronnement d’épines, la présentation de Jésus à la foule par Pilate, la rencontre de Jésus et Véronique.
L’arc triomphal porte une mosaïque montrant dans son registre supérieur les élus attendant d’entrer dans la Jérusalem céleste. À l’intérieur, le Christ est entouré de Marie, suivie de Jean-Baptiste, de Pudentienne et des douze apôtres ; l’enceinte est couverte de gemmes. Moïse, avec les tables de la Loi, se tient à gauche, Élie à droite. Parmi les élus qui attendent pour entrer, des têtes couronnées côtoient des martyrs.
Sur le second arc triomphal figurent les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse ou des sages vêtus de blanc. Les vieillards représentent les hommes glorifiés mais aussi les douze patriarches et les douze apôtres. Les mains couvertes se réfèrent à l’antique coutume qui demande de se couvrir les mains en présence de l’empereur.

La chapelle Saint-Zénon est remarquable, en particulier pour sa décoration, toute de mosaïque sur un fond d’or. Le sol polychrome est un des plus anciens connus.
La Croix apparait sur un trône décoré de gemmes, symbolisant l’attente du retour glorieux du Christ sur terre à la fin des temps (« la parousie »). Le trône est entouré par Pierre (avec ses clefs) et Paul (avec son livre).
Sous la voûte, le Christ Pantocrator (« Christ en gloire ») est porté par quatre anges.
D’un côté, la Vierge est entourée des saintes Praxède et Pudentienne ainsi que de Théodora, mère du pape Pascal I°, dont le nimbe carré signifie qu’elle était vivante au moment de la composition. Au-dessus, un agneau (le Christ) se tient sur un monticule d’où coulent quatre sources (les quatre Évangiles auxquelles s’abreuvent des cerfs (ceux qui aspirent au baptême).
De l’autre côté, sont figurés Jean (avec un livre), André et Jacques (avec des rouleaux) puis un Christ entouré de saint Zénon et saint Valentin (son frère supposé). La colonne de la flagellation, qui fut particulièrement vénérée, est au fond.
Dans la niche de l’autel, une vierge à l’enfant, entourée des saintes Praxède et Pudentienne, est vénérée sous le nom de sancta Maria libera nos a poenis inferi (« la Reine du paradis qui libère des enfers »).

Commentaire spirituel

Sur les pas des martyrs.
Praxède et sa sœur Pudentienne, filles de saint Pudence, sénateur converti par saint Paul et ami des apôtres, s’illustrèrent au II° siècle auprès des martyrs dont elles épongeaient le sang avant de les ensevelir.
Leurs reliques sont vénérées à Rome dans la basilique Sainte-Praxède.
Sainte Praxède est fêtée par les Églises catholique et orthodoxe le 21 juillet. Elle est représentée avec une éponge, parce qu’elle lavait les corps des martyrs avant leur ensevelissement.

Au temps où l’empereur Marc Aurèle persécutait les chrétiens, Praxède, avec sa sœur, assistait les fidèles, les consolait et les cachait dans sa maison, les exhortant à persévérer dans la foi, ensevelissant leurs dépouilles. Elle ne manquait en rien à ceux qui étaient enfermés dans les cachots ou traités en esclaves.
Les deux sœurs firent construire un baptistère dans leur demeure, où se trouvait déjà une chapelle, pour faire baptiser les catéchumènes. Elles furent aidées dans leur entreprise par le pape Pie Ier (140-154) et le prêtre Pastor. Pudentienne mourut en martyre à l’âge de seize ans et fut inhumée dans les catacombes de Sainte-Priscille près de son père.
Après la mort de sa sœur, Praxède, issue d’une ancienne souche noble, transforma ses palais en églises où nuit et jour les païens accouraient en foule au baptême. La police impériale respectait la demeure d’une descendante des Cornelii mais délivré de la tutelle d’Antonin, son père adoptif, Marc Aurèle ne respecta pas lontemps cette barrière. Une descente de police eut lieu, nombre de chrétiens furent pris et massacrés.
Brisée, Praxède se tourna vers Dieu et Lui demanda de mourir, si toutefois il lui était avantageux de mourir. Aussi fut-elle appelée à recevoir au ciel la récompense de sa piété.
Son corps fut déposé par le prêtre Pastor dans la sépulture de son père et de sa sœur Pudentienne, au cimetière de Priscille, sur la via Salaria.
La basilique Sainte-Praxède fut reconstruite de 817 a 824 par le pape Pascal I° et, selon la tradition, conserve un morceau de la colonne contre laquelle eut lieu la flagellation du Christ…

L’église Sainte-Praxède est une basilique mineure. A côté des quatre basiliques majeures de Rome (Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de Rome et du monde, Saint-Pierre du Vatican, tombeau de saint Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs, tombeau de saint Paul, et Sainte-Marie-Majeure, dédiée à la Vierge), qui ont chacune une Porte sainte solennellement ouverte et fermée au début et à la fin de chaque Année sainte, l’Eglise catholique romaine distingue dans le monde entier de nombreuses basiliques dites mineures, rassemblant en nombre les pèlerins autour du Christ, de la Vierge ou encore des reliques d’un saint particulièrement vénéré, ou remarquables par leur antiquité, leur réputation, leur taille ou leur beauté. Leur titre honorifique octroyé par le pape leur donne la préséance sur toutes les autres églises, à l’exception de la cathédrale de leur diocèse.

Infos pratiques

Via di Santa Prassede, 9/a 00184 Roma, Lazio, Italie
Voir sur la carte

Ce lieu en images