Notre jeunesse est d’une manière générale peu réceptive à l’art religieux. Une iconographie qui a fait sens pour nos prédécesseurs pendant deux millénaires n’a plus de résonance aujourd’hui. Souvent motivée par l’indifférence, l’incompréhension peut plus profondément être le résultat d’un rejet « pseudo-cartésien » d’une histoire qui peine à se dire dans notre temps.
Alors comment parvenir à se faire écouter de nos « chères têtes blondes » sans avoir le sentiment qu’on leur fait rentrer les informations dans le cerveau à coup de menhir ?
Un tableau, une fresque, c’est une somme d’histoires… celle qui y est représentée, celle de l’époque à laquelle il (elle) est peint (e) et de ses canons esthétiques, celle des enjeux politiques et religieux qui traversent cette époque, celle du commanditaire et bien-sûr celle de l’artiste.
Pas question de s’arrêter devant chaque œuvre pour une analyse approfondie si l’on veut garder l’attention. En choisir une, celle qui sera susceptible d’être la plus parlante. Laisser un temps de découverte (ce que voient les uns et les autres), laisser un temps de parole et par l’échange entrer peu à peu plus profondément dans la connaissance de l’œuvre, savoir se contraindre à ne pas tout dire. Donner, si possible, le goût de comprendre.
Vaste programme ! Plus facile à dire qu’à faire. Mais, depuis ses origines jusqu’à la Renaissance, l’art est essentiellement religieux. Alors, que retient-on d’une visite de musée où l’on ne comprend rien aux œuvres qui y sont présentées ?
Éclairer le sens c’est apprivoiser la forme.
Enfin, il ne faut pas négliger le plaisir et l’émulation que procure le fait d’être capable de décoder par soi-même l’histoire qui se donne à voir. En conséquence, on transmet, on raconte, on explique…et on espère.
Madeleine Troude