Ayant choisi le peintre Albert Marquet pour sa dernière conférence, Claire Reggio nous a placés, comme son artiste, à la fenêtre, pas totalement enfermé mais «hors du monde pour mieux le saisir».
Le portrait que le peintre a réalisé de sa mère brodant paisiblement, ce regard intime qui cherche à percer l’âme, m’a rappelé les peintures de Johannes Vermeer, notamment la Dentellière, évocation d’une solitude paisible et concentrée. Et aussitôt, j’ai pensé au célèbre Automat d’Edward Hopper et au profond sentiment d’isolement et de tristesse qu’il dégage. Cette solitude du peintre m’a ainsi conduite tout naturellement au remarquable La solitude Caravage de Yannick Haenel qui évoque «le silence des figures peintes». Il faut se promener dans Rome avec ce livre en poche, traquer avec lui les Caravage, s’abîmer comme lui dans l’œuvre d’art, et entrer avec eux – le Caravage et Haenel – dans leur sensibilité à la chair et à l’esprit… On n’en sort pas indemne !
Après la conférence de Claire qui a si bien mis en valeur la fragilité de l’instant face à la permanence de la matière avec une sélection de peintures d’Albert Marquet, un petit poème de l’Anglais John Donne, du XVI° siècle, me trottait dans la tête : « Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. »
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À bientôt
Madeleine Troude