Ravenne, ancienne capitale de l’Empire Romain d’Occident, est devenue au fil des siècles une belle endormie. L’ancien port s’est ensablé et les monuments se sont figés dans leurs souvenirs d’une grandeur ancienne. Paradoxalement, c’est ce long sommeil qui a permis la préservation des chefs d’œuvre de mosaïques des V° et VI° siècles qui décorent les huit bâtiments antiques, mausolées, basiliques, baptistères et chapelle, qui forment un ensemble unique et une documentation exceptionnelle sur le monde byzantin.
L’art byzantin, essentiellement symbolique, avec des codes de couleurs, de stylisation, de gestuelle, a rencontré d’autres influences sur le sol italien. En occident, l’art chrétien introduit des scènes bibliques, des représentations de la nature, pleines de fraîcheur et de réalisme en conservant l’usage romain de décorer toutes les parois.
La mosaïque est bien l’ancêtre de l’image numérique et l’école ravennate déploie une fantaisie particulièrement fertile, comme des dauphins, des paons, toutes sortes d’animaux entrelacés sous des médaillons, dans une multitude de décorations et de guirlandes.
Le résultat est éblouissant, d’autant plus que les monuments abritant les mosaïques sont eux-mêmes d’une grande austérité extérieure. Cette virtuosité a été rendue possible par une nouvelle technique des verriers vénitiens qui mettent au point de la pâte de verre colorée permettant de réaliser des tesselles légères, avec de nombreuses possibilités chromatiques et l’intégration de métaux précieux. Ces smaltes vénitiens donnent aux mosaïques de Ravenne une brillance et une vivacité de couleur exceptionnelle. Les tesselles dorées sont inclinées pour mieux accrocher la lumière.
Les remarquables mosaïques de Ravenne sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Madeleine Troude