Visiter les chrétiens d’orient, une urgence !

Photo récupérée sur le site de La Croix : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Que-peut-faire-France-pour-chretiens-dOrient-2016-08-18-1200783107

Dans une déclaration, le pape François dit : « Je n’accepterai jamais un Moyen-Orient sans les chrétiens. »        

Mais que faire ? Pendant que l’occident détourne les yeux, les chrétiens d’orient, discriminés sous tous les régimes, parfois exterminés, sont en train de disparaître. Dans l’incendie qui embrase cette partie du monde, ils ne représentent aucun enjeu pour les puissances occidentales.

Leur migration hors de leur pays natal est l’une des menaces les plus importantes contre la pérennité de leurs communautés au Moyen-Orient. 11 millions de chrétiens contre 320 millions de musulmans, partout minoritaires et contraints pour survivre de chercher la protection des pouvoirs en place !

Pris en étau entre l’occident d’un côté et l’islam de l’autre, véritables boucs émissaires,  les chrétiens d’orient occupent dans la représentation imaginaire arabe d’aujourd’hui la place qu’occupaient les juifs pour les occidentaux à la fin du XIX° siècle.

La Turquie qui jadis comptait la plus importante communauté chrétienne n’en compte plus qu’à peine quelques milliers. Les génocides arméniens, chaldéo syriaque et assyrien, puis l’exil forcé des grecs orthodoxes du début du XX° siècle sont passés par là. En Égypte, les coptes qui représentent la plus grande communauté chrétienne d’orient, dont le nombre tabou  se situe entre 6% et 15% d’une population de 90 millions, sont livrés à eux-mêmes, régulièrement massacrés par le bras armé des Frères Musulmans qui les considèrent comme les instigateurs primordiaux de la chute de Morsi.

Le Liban fait figure d’exception avec 43% de sa population chrétienne. Il est le seul pays du Moyen-Orient où la France est intervenue au nom de l’Europe en 1860 pour protéger les chrétiens. Fondement du Liban moderne, un pacte verbal avait réparti le pouvoir politique en 3 fonctions accordées aux trois communautés religieuses : président et chef d’état-major maronite, premier ministre sunnite, président du parlement chiite. Mais en 1990, après 15 ans de guerre civile, les chrétiens sont entrés dans une profonde dépression car ils ont eu le sentiment d’avoir non seulement perdu la guerre mais aussi d’avoir perdu le Liban auquel ils ont beaucoup donné en même temps que ce qui faisait leur exception historique : Avoir été la seule communauté non musulmane qui était arrivée par une dynamique historique à gérer son propre destin en le partageant avec les musulmans.

Ils se sont alors divisés en deux partis, chacun allié à l’une des deux grandes communautés qui ont mis la main sur le pouvoir, les chiites soutenus par l’Iran et les sunnites soutenus par l’Arabie saoudite. Jusqu’à présent, cette division leur sauve la mise et évite qu’il y ait à nouveau une cristallisation et un discours anti chrétien au Liban.

Pour la première fois après 14 siècles de résistance les chrétiens quittent le Moyen-Orient parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont plus les moyens de résister.

Ils se sentent isolés. Rompons leur isolement. Ignorés et démunis. Soyons à leur écoute. C’est en allant les rencontrer que nous leur montrons que nous ne sommes pas indifférents à leur sort.

Madeleine Troude