Les prisonniers du Tullianum
Le sombre destin des ennemis du Sénat et du Peuple Romain
Rome
À l’extérieur du Forum, un sinistre escalier descendait du Capitole vers le Forum. On exposait, sur les marches de cet escalier, les cadavres des condamnés, d’où son nom « scalae gemoniae », « l’escalier des gémonies », d’où vient l’expression française « vouer quelqu’un aux gémonies ». Sous l’église Saint-Joseph-des-Charpentiers, le Tullianum rebaptisé prison Mamertine au Moyen-âge, était à l’origine une citerne ou un puits considéré par les Romains, comme une sorte de pont avec les entrailles de la Terre. La prison se compose d’une grande cavité ouverte uniquement par le haut. Les prisonniers étaient jetés de plus de 7 mètres de haut et devaient se blesser gravement en tombant, ne leur laissant que peu de chance de survie. Néron fera installer un plancher séparant en deux niveaux la prison. Raison vraisemblable pour laquelle Pierre et Paul ne sont pas morts dans cette prison. Paul aurait été bousculé sur un mur laissant une empreinte encore visible à côté de l’escalier qui descend dans la partie inférieure. Dans la partie supérieure, une belle fresque représente Pierre presque souriant au côté de Jésus. Au dessus de l’autel, des statues de Pierre avec ses clefs et de Paul avec son épée.
Une prison de choix !
Sa petite taille et son emplacement au cœur de la ville en font une prison de choix pour des personnalités importantes, prisonniers politiques, généraux vaincus… Gaius Pontius, général Samnite capturé par les Romains (vers 320 av. J.C.). Quintus Pleminius, bras droit de Scipion l’Africain, condamné pour ses vols et sa cruauté envers le peuple. Gaius Sempronius Gracchus réformateur favorable à la plèbe, subit l’opposition des plus riches qui le conduit en prison et au suicide. Jugurtha, prince de Numidie vaincu par les Romains. Aristobulus II roi de Judée en 70 av J.C., prend le parti de Jules César contre Pompée. Vaincu, il sera ramené à Rome comme trophée pour le Triomphe de Pompée. Vercingetorix vaincu par César meurt dans cette prison. Shimon Bar Giora le chef de la Grande Révolte juive contre les Romains de 66 à 70 ap. J.C.. ramené à Rome comme trophée pour le triomphe de Titus.
Un lieu de mémoire chrétienne.
De nombreux chrétiens y ont été emprisonnés : Pierre et Paul en premier puis Processus et Martinien, les geôliers qui auraient permis l’évasion de Pierre. Convertis, de gardiens, ils devinrent prisonniers. Le consul Palmatius incitait l’empereur à exterminer les chrétiens. Suite à un miracle, il se convertit et est baptisé par Calixte. L’empereur le condamne à la décapitation. Sixte II et trois de ses diacres Félicissimus, Agapitus, Laurent, martyr pour avoir distribué aux plus pauvres l’argent de l’Eglise que convoitait l’empereur. La lignée des martyrs chrétiens passés par cette prison est longue : Eusèbe, Marcelus, Hyppolite, Adria, Pauline, Crysantus, Daria, Lucie, Cyriaque… Autant de noms parmi d’autres dont l’histoire nous échappe mais qui font de ce lieu, un mémorial paléochrétien.
Aurélien THIBAULT
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Écrit le 26 janvier 2024