Les prémisses de la Renaissance avant Giotto

Si le geste de la main de Jésus (voir article sur la signification des doigts) de cette sculpture de Giovanni Pisano répond parfaitement aux codes du Moyen-Âge, elle met en lumière un aspect fascinant de l’histoire de l’art : la transition graduelle du Moyen Âge à la Renaissance, une période souvent définie par des innovations artistiques, mais qui prend racine bien avant les artistes emblématiques tels que Giotto.

La sculpture datée de 1270 révèle à quel point certaines œuvres peuvent anticiper les grands changements esthétiques de la Renaissance. Le réalisme, l’expressivité des regards et la fluidité des drapés sont des éléments stylistiques qui marquent cette transition et préfigurent les révolutions artistiques à venir.

Giotto n’a pas encore soufflé sa quatrième bougie quand ce haut-relief a été réalisé. Giotto est souvent vu comme celui qui a su traduire les idées humanistes et la vision spirituelle de François d’Assise dans un langage pictural nouveau, donnant naissance à un style plus naturaliste et humain en rupture avec la rigidité des représentations médiévales, la Renaissance.

Il faut souligner l’importance de François d’Assise dans le développement de l’humanisme et l’impact de ses idées sur l’art. En effet, sa vision spirituelle, centrée sur l’expérience humaine et la nature, a profondément influencé les artistes, créant un pont entre les valeurs médiévales et celles de la Renaissance.

Cependant, Giotto n’est pas venu de nulle part. Avant lui, des artistes et artisans travaillaient déjà à intégrer plus de réalisme et d’émotion dans leurs œuvres, comme en témoigne cette sculpture de 1270. Cela démontre que la Renaissance est un phénomène progressif, nourri par des idées et des innovations qui émergent sur plusieurs décennies.

Ainsi, cette sculpture de Giovanni Pisano illustre bien la nature collective et continue de la création artistique, où chaque génération d’artistes s’inspire des avancées de ses prédécesseurs pour les pousser plus loin. C’est cette continuité, cette accumulation d’innovations que Giotto a su cristalliser, qui fait de lui un pionnier tout en l’inscrivant dans un mouvement plus vaste.

Cela pourrait aussi encourager une relecture des « origines » de la Renaissance, en reconnaissant que les germes du réalisme et de l’humanisme étaient déjà plantés bien avant le XIVe siècle. Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire l’excellent article de Madeleine Troude.

Cette sculpture se trouve dans le petit musée d’Empoli en Toscane et cette découverte lors de sa visite met en avant l’importance des petits musées comme celui-ci. Leurs collections moins denses permettent souvent de découvrir des œuvres moins connues ou qui n’aurait pas retenu l’attention dans un grand musée mais tout aussi cruciales dans la compréhension de ces évolutions artistiques.

Alain Deblock