Nos premiers pèlerins en Terre Sainte depuis la réouverture d’Israël aux groupes
Israël & Palestine - Pèlerinage

Premiers pèlerins en Palestine depuis le confinement
Un article de Thomas Oswald – Photo de Thibault Barat
Un groupe de pèlerins de la paroisse de Rueil Malmaison a été le premier à parcourir la Terre Sainte depuis le confinement de 2020. Une expérience dont ils reviennent transformés !
Du jamais vu, de mémoire de pèlerins : ils ont parcouru une Palestine pratiquement dépouillée de touristes, se payant même le luxe d’avoir le Saint Sépulcre pour eux tous seuls. Pourtant, lorsqu’on les interroge sur le voyage de deux semaines organisé par Terralto dont ils reviennent juste, ils assurent que l’essentiel est ailleurs.
Les profils sont divers, des piliers de paroisse à ceux qui sont venus plus par curiosité que pour une démarche spirituelle bien arrêtée. Tous s’accordent à dire qu’ils ont atterri renforcés et enrichis par ce pèlerinage dans les pas du Christ. Pour Emmanuel, assureur de 37 ans, ce voyage correspond à « une forme d’appel », qui s’inscrivait dans sa démarche de Catéchuménat. Un élan un peu confus confesse-t-il, mais devant le fleuve du Jourdain, il s’est senti confirmé dans son désir de se baigner dans la même eau que le Christ.
D’autres partent sans chercher à expliquer pourquoi, comme Marie, qui mit un point d’honneur à ne pas regarder le programme, et au contraire à se laisser porter par ce voyage. « On met nos pas dans ceux du flot des millions de pèlerins qui nous ont précédés », décrit-elle. Elle fut tout particulièrement frappée par l’accueil que leur ont réservé les gardiens des lieux saints, c’est-à-dire les Communautés religieuses qui résident sur place. Elles vivent dans des conditions tendues, subissent le climat de tensions exacerbées du pays et pourtant « leurs lèvres brûlent d’annoncer l’Évangile », décrit Marie.
Les gardiens des lieux saints
Comme elle, Thibaut a été frappé par la force de la foi de ces communautés religieuses, et cela d’autant plus qu’il était non pratiquant, et en questionnement à l’égard de la foi. « Je partais pour découvrir un pays, j’avais des raisons pragmatiques, je dirais presque laïques, de venir. » Mais il a été rattrapé par la spiritualité devant le site qui est considéré comme celui de l’Annonciation. « En une fraction de seconde, cela s’est imposé à moi. Là où Marie a dit oui, j’ai fait de même… ». Il décide donc de faire sa Première communion, pendant le voyage. Il sera autorisé à recevoir ce sacrement une semaine plus tard, au Saint Sépulcre. « Dans cette ambiance de groupe où la bienveillance est poussée à l’extrême, on abandonne les carapaces, les genres que l’on se donne. Je suis parti avec d’immenses fardeaux, je reviens allégé », témoigne-t-il.
De son côté, le père Antoine Vairon, guide et accompagnateur spirituel du groupe se réjouit d’avoir pu ramener un groupe de pèlerins français en Israël. À ses yeux, c’est un pèlerinage qui porte des fruits dans les deux pays. Faisant référence aux différents témoignages recueillis, il explique : « Il suffit de parler quelques minutes avec les pèlerins qui défont leurs valises pour voir les fruits spirituels d’un tel pèlerinage ». Mais en Palestine aussi, leur venue est précieuse. Pour les chrétiens qui résident dans ces régions, et dont le nombre a dramatiquement chuté, les pèlerins manifestent la solidarité de l’Église universelle. Ils représentent aussi, très pragmatiquement, une source de revenus vitale pour des communautés qui éprouvent souvent de grandes difficultés financières. Enfin, la présence de pèlerins assure leur pérennité dans un contexte politique très tendu. Ils leur assurent une visibilité et leur permettent de conserver des échanges avec l’extérieur. Le père prend en exemple le témoignage d’une sœur melkite de Bethléem. Sa ville est à présent encerclée des murs et des checkpoints mis en place par l’armée israélienne. Dans ce contexte, elle décrit le passage des pèlerins comme « un pied dans la porte » qui empêche les chrétiens palestiniens bethléemites d’être tout à fait enfermés.