Le stoïcisme, une alternative au christianisme des premiers temps?
Ou comment cette autre philosophie du bien a finalement échoué
Rome - Art & Histoire
Ernest Renan, dans son étude de l’expansion de l’Eglise paléochrétienne, l’Histoire des origines du Christianisme, explore le développement parallèle du christianisme et du stoïcisme, ainsi que l’échec relatif de ce dernier à s’imposer face au christianisme.
Il met en évidence le fait que le IIe siècle a vu émerger une prédication païenne qui, à bien des égards, ressemblait au christianisme et s’accordait avec celui-ci. Des sophistes se levaient dans des lieux publics, semblables à des messagers divins, pour proclamer des vérités éternelles. Des penseurs grecs et romains ont développé des discours empreints de polythéisme, mais influencés par la philosophie grecque, anticipant parfois les enseignements des Pères de l’Église.
Renan soutient que le christianisme ne doit pas être considéré comme une réforme religieuse et sociale unique et miraculeuse, mais comme une tentative parmi d’autres visant à améliorer les mœurs et les lois de l’époque. Il reconnaît que le IIe siècle a vu d’autre tentatives, parallèles au christianisme, pour promouvoir la vertu et l’amélioration morale de la société. La principale étant le stoicïsme qui comme la religion chrétienne avait ses prédicateurs et sa propre théologie d’unité du monde. Cependant, Renan affirme que cette tentative a échoué en grande partie en raison de son caractère trop aristocratique et de son manque de caractère mystique nécessaire pour attirer les masses.
Il montre que Marc-Aurèle, le célèbre empereur philosophe, incarne l’idéal stoïcien de vertu et de raison, tentant de sauver le monde antique par la philosophie. Il souligne que la philosophie stoïcienne a offert une belle tentative d’école laïque de vertu, dénuée de toute dimension surnaturelle. Marc-Aurèle apparaît comme une figure emblématique de cette tentative stoïcienne, résumant tout ce qu’il y avait de bon dans le monde antique et le meilleur des moeurs de l’aristocratie romaine. Cependant, le triomphe ultime du christianisme est attribuable à sa capacité à offrir une réforme morale par la foi au surnaturel, comblant ainsi une lacune que le stoïcisme, malgré ses mérites, n’a pu combler.
Aurélien THIBAULT
Pour en savoir plus sur l’histoire de ces deux mondes, greco-romain et chrétien émergeant : https://www.terralto.com/destination/rome/art-histoire/