Avec l’année saint Paul, de nombreux projets se montent. Une tendance naturelle conduit à visiter le maximum de sites pauliniens : Tarse, Antioche, Pergé, Antioche de Pisidie, Éphèse, Milet… infatigable pèlerin. Au-delà de l’apôtre Paul, la Turquie, c’est aussi les pères cappadociens, saint Jean l’évangéliste, saint Jean de l’Apocalypse, les grands conciles, l’Église d’Orient, des petites communautés qui survivent dans des conditions parfois difficiles aujourd’hui. Comment structurer son programme paulinien qui prend en compte les différentes dimensions de la Turquie ?
Il n’y a pas toujours de corrélation entre l’intérêt de l’enseignement et celui des visites. La redondance des sites antiques risque de saturer le visiteur. À vouloir tout faire, les trajets peuvent être fastidieux. Entrer en pèlerinage avec saint Paul, c’est écouter son enseignement, le situer et le projeter dans ce que cela nous dit aujourd’hui : la figure de Paul, fondateur de communautés (souvent dans un milieu hostile), comment rapprocher cet enseignement de la difficile réalité chrétienne d’aujourd’hui en Turquie et en quoi cela nous interpelle nous en occident. L’Évangile qui n’était pas encore écrit mais était relation vivante au Christ, une théologie construite sur la réalité de vie des premiers chrétiens entre l’invention, la créativité et le bon sens qui précèdent et prolongent la tradition… construction qui s’est formalisée avec les grands conciles mais aussi avec les pères cappadociens. Pérégriner avec Paul, c’est aussi écouter la cohérence et la profondeur de la riche histoire de l’Église en Turquie de ses débuts à son épanouissement.
C’est ce va-et-vient incessant entre ces différentes dimensions, conjugué à la beauté des paysages et des sites, qui portera le pèlerin à un cheminement personnel et pas seulement une démarche linéaire et académique.
Alain Deblock