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Dans la citerne de Saint-Pierre-en-Gallicante

Un article de Laurent Guillon Verne pour Terre Sainte Magazine

Israël & Palestine - Pèlerinage

Dans la citerne de Saint-Pierre-en-Gallicante

Un très beau jardin en contrebas de la Porte de Sion, une vue imprenable sur le mont des Oliviers et un lieu reconnu comme étape dans le déroulement de la Passion du Christ. Chaque groupe de pèlerins y fait halte, Bible en mains.

Dans une démarche chronologique, c’est après avoir parcouru le mont des Oliviers que les pèlerins arrivent à Saint-Pierre-en-Gallicante, la plupart du temps fatigués ! Ils ont traversé le Cédron  en car ou à pied pour les plus courageux, ils ont prié le Notre Père au Pater, la prière de Jésus sur Jérusalem au Dominus Flevit et médité l’agonie du Christ à Gethsémani en jouant bien souvent des coudes avec les autres groupes de pèlerins et les touristes.

Le lieu est beau et le belvédère nous offre une vue sur Jérusalem et sur le mont des Oliviers que nous venons de quitter. Une brève explication du guide, qui nous rappelle que nous sommes sur le lieu de la comparution de Jésus devant les grand prêtres Hanne et Caïphe, ne doit pas nous empêcher de profiter du jardin. On y découvre en surplomb les fouilles archéologiques et les grottes mises à jour depuis 1908 qui suggèrent la prison publique dans laquelle Jésus aurait été flagellé d’après une tradition de Jérusalem rapportée en 333 par « le pèlerin de Bordeaux ». C’est aussi là qu’après la Résurrection, les apôtres Pierre et Jean auraient subi le même sort pour avoir enseigné le nom de Jésus dans le Temple. (Ac 5,19-42)

Il est temps, après s’être repéré dans ce site de nous plonger dans le récit  de la Passion.

Dans le jardin, à côté de l’escalier qu’a dû emprunter Jésus, ou mieux encore dans la crypte de l’église construite au-dessus de la fosse profonde, lieu qui correspond sans doute à l’espace de la cour où se tenait Pierre lorsqu’il a renié Jésus, nous prenons le temps de lire les événements que chacun des évangélistes a décrit la scène à sa manière (Jn 18, 13-27 – Lc 22, 52-62 – Mc 14, 53-72 – Mt 26, 57-75).

Nous imaginons Pierre assis auprès d’un feu avec les gardes. Nous voilà saisis par l’évocation des coups qui pleuvent dans l’anonymat de la nuit, des railleries cruelles, de la haine déchainée, de l’humiliation et des mensonges. Nous voilà honteux de la trahison de l’ami. Nous y sommes !

Dans ce regard

Dans un pèlerinage, ce lieu peut être une étape, une invitation à méditer. Il nous renvoie à notre humanité et à la violence du monde, à nos propres trahisons, au regard de Jésus qui croise une fois encore celui de Pierre qui ne pourra le soutenir… Qu’y avait-il dans ce regard ?

Après avoir été interrogé par le Sanhédrin, frappé, humilié, Jésus a été descendu dans une fosse, qui est peut-être celle qui se trouve sous la crypte. Les Byzantins étaient convaincus qu’elle avait servi de cachot et que le Christ y avait été descendu depuis la cour à l’aide de cordes, en attendant de comparaître. C’est ce qui est arrivé au prophète Jérémie en son temps (Jr 38, 1-13).

Entre  sa première rencontre avec Caïphe et le matin du jour suivant combien de temps le Christ  a-t-il passé, seul, dans les ténèbres de cette prison… Trois heures, cinq heures, huit heures….  Nous n’avons pas d’écrits sur ce temps passé.

Cependant, nous pouvons méditer  le Psaume  87 et le cri de l’homme vers Dieu :

« Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence,

Que ma prière parvienne jusqu’à toi, ouvre l’oreille à ma plainte.

Car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l’abîme.

On me voit déjà descendre à la fosse, je suis comme un homme fini

Ma place est parmi les morts, avec ceux que l’on a tués, enterrés,

Ceux dont tu n’as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main. »

Comme la fosse et les grottes autour ne sont pas larges, il est préférable d’inviter les  pèlerins par groupe de 5 à 6 à descendre pour méditer ce Psaume qui y est écrit en plusieurs langues.

Pour le reste du groupe qui se trouve à la crypte, il est beau de vivre un moment de communion dans une prière silencieuse ponctué d’un chant tel que celui de Taizé : « La ténèbre n’est point ténèbre devant toi, la nuit comme le jour est lumière ».

Ce temps à Saint-Pierre-en-Gallicante peut être aussi un endroit propice pour vivre le sacrement de réconciliation.

Laurent Guillon Verne

Terre Sainte Magazine, n° 682, Novembre-décembre 2022, pages 12-13

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