A la fin du X° siècle, le prince Vladimir envoya ses émissaires dans toutes les directions du monde connu afin de trouver une religion qui puisse convenir à son peuple. Les messagers qui revinrent de Constantinople, très impressionnés par la visite de Sainte-Sophie, lui firent le commentaire suivant : « Nous ne savions pas si nous étions au ciel ou sur terre, mais nous savons que Dieu demeure là avec les hommes. ». C’est ainsi que la Russie devint orthodoxe. Au 15° siècle, la naissance de la grande Russie fut contemporaine avec la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Ivan III épousa Sophie Paléologue, nièce du dernier maitre de Byzance, choisit l’aigle à deux têtes comme emblème et prit le titre de Tsar, c’est-à-dire César. Cette filiation imprègne la conscience des Russes, héritiers de Rome et vrais défenseurs de la Chrétienté. Dans l’esprit des Russes, le Patriarcat de Moscou a pris le relais de Constantinople.
Aujourd’hui, le pèlerin qui se rend pour la première fois dans le pays est ébloui par la profusion de bulbes, clochetons et tourelles s’élançant vers le ciel dans une joyeuse ivresse de couleurs et d’ors. Les espaces intérieurs des églises sont petits, intimes avec une fantaisie de décorations (fresques, icônes, lampes). L’iconostase qui sépare le chœur et l’autel de la nef est percée de trois portes : la porte du Christ ou Royale réservée au célébrant et deux portes de part et d’autre pour les assistants et les clercs. La disposition des icônes est immuable : A droite , le Christ et saint Jean-Baptiste ; à gauche, la Vierge et le saint patron de l’église. Les bougies et les chandelles adoucissent et poétisent cette surabondance d’ornementation. Véritable théologie en couleurs, l’icône fait partie de la liturgie.
Mais comment partir en pèlerinage en Russie ? Les incompréhensions entre les orthodoxes et les catholiques amplifiées par les blessures de l’histoire ne favorisent pas la visitation de nos frères d’Orient. Pour aplanir les appréhensions et favoriser les échanges, il est préférable de monter votre pèlerinage et partir avec un prêtre orthodoxe qui vous guidera dans la découverte de l’orthodoxie, de l’organisation de l’Église russe, dans la compréhension des rites et de la vie monastique. C’est lui qui permettra la rencontre des paroisses orthodoxes locales. Alors la proximité frappera les esprits et vous reviendrez conscient d’une unité perdue mais encore à portée de main.
Ghislain de Crémiers