Rome face aux barbares, Umberto Roberto, Le Seuil, collection Points, n° H529.
Pressés par les peuples de la steppe qui les chassent toujours plus à l’Ouest, les barbares s’agglutinent sur le Rhin et le Danube puis, l’épée dans les reins et poussés par la faim, pénètrent dans l’empire romain d’Occident. Fascinés par la puissance et la richesse de Rome, ils ne lui demandent que des terres pour s’y établir. Mais l’unité de l’empire est déjà rompue et sa suprématie contestée : il se défait et, très vite, les barbares s’enhardissent, comblent le vide et s’emparent après bien des péripéties des ressources et finalement du pouvoir. Umberto Roberto raconte brillamment dans « Rome face aux barbares » cette aventure qui met fin à l’Antiquité.
Le coût de ce bouleversement fut élevé : une civilisation à l’influence toujours actuelle et aux ruines magnifiques, dont le souvenir ne s’est jamais effacé de la conscience collective, fut anéantie et de nombreux siècles passeront avant que l’Europe occidentale revienne sur la scène du monde. Marquant la fin d’une époque, les sacs de Rome remplirent d’effroi les contemporains, saisis par la destruction de tant de chefs d’œuvre. Les Romains furent pourtant abandonnés à leur sort : Rome n’était plus à Rome mais à Constantinople et l’empire byzantin lui survivra 1 000 ans… En gardant à l’esprit que la déposition en 476 de Romulus Augustule, le dernier empereur, passa presque inaperçue, tant l’empire romain d’Occident était déjà moribond, le lecteur chemine avec les Romains et les barbares, se désolant de tant d’occasions manquées, de l’affrontement ruineux des ambitions personnelles et de l’aveuglement des chefs. Nouvelle force en butte aux barbares chrétiens mais ariens, l’Eglise émerge cependant, suppléant le pouvoir politique défaillant. Au fond, les barbares n’ont-ils pas tout simplement signé dans le bruit et la fureur l’acte de décès d’un monde déjà disparu que seuls la gloire et le prestige immenses maintenaient encore en vie ?
Gonzague de Villers