Ô surprise ! Je ne suis pas un grand supporter de Google mais ce matin, l’incontournable moteur de recherche m’a désigné comme une cible de prospection, et pas n’importe laquelle : il m’a informé de la mise en vente par Sotheby’s du palais Sacchetti, et je me suis mis à rêver… que j’avais le profil de l’acheteur. Notre espion préféré a bien sûr détecté mon appétence pour l’Italie et Rome.
Et ce rêve se prolonge : alors que TERRALTO a plusieurs fois fait ouvrir ce magnifique palais pour des visites privées, je n’ai jamais pu m’y glisser. Ma dernière tentative s’est heurtée aux difficultés de succession rencontrées par la famille. Est-ce l’espoir qu’un acquéreur me laissera entrer qui me fait continuer à rêver ? Et, pendant que j’y suis, pourquoi ne pas penser à devenir moi-même cet acquéreur ? Je crains cependant que mes faibles talents de comédien ne suffisent pas à convaincre Sotheby’s. Pourtant, toujours poursuivi par mon rêve, je me rappelle qu’aujourd’hui 200 millions sont offerts par la Française des Jeux à qui les prendra…
Avant même de me précipiter pour acheter un ticket d’EuroMillions, je calcule que je peux proposer 70 000 euros par mètre carré : mon offre est crédible. Je joue donc et je rêve de ma première visite dans mon palais.
L’architecte Antonio da Sangallo a construit au XVI° siècle pour lui-même ce palais, avec l’idée d’en faire le «bâtiment parfait». Austère, sa façade extérieure en brique sur la via Giulia ne laisse rien paraître de la splendeur unique du lieu. Dès l’entrée, les œuvres de la Renaissance et les antiques voisinent dans une unité rayonnante. Derrière, la cour voûtée ornée d’armoiries conduit au jardin à l’italienne, rafraîchi par une fontaine, et fermé par une magnifique loggia qui dominait le Tibre, couronnée de bustes antiques.
L’étage noble est une enfilade de douze merveilleuses salles, avec leurs statues de marbre, leurs plafonds peints et leurs vitraux, leurs fresques maniéristes et leurs grottesques. La salle des globes (un globe céleste et un globe terrestre) décorée par Francesco Salviati raconte l’histoire du roi David. Pietro da Cortona habille la galerie des réceptions. Giacomo Rocca de Salerne s’inspire des sibylles et des prophètes de la chapelle Sixtine pour illustrer la salle à manger, sous le plafond sculpté par Ambrogio Bonazzini à l’image de celui qu’il fera pour l’oratoire Gonfalone.
Tout cela n’est qu’imaginaire car je ne l’ai jamais visité. L’impatience grandit, j’ai hâte d’installer les bureaux de TERRALTO au palais Sacchetti mais le doute s’installe : mes 200 millions seront-ils suffisants ? Nous le saurons demain…
Alain DEBLOCK