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En Corée, la route des martyrs

Une église fondée par des laïcs

Corée

En Corée, la route des martyrs

Reconnue par le Vatican comme site officiel de pèlerinage international, la route des martyrs de Corée est un itinéraire conçu par la Conférence des évêques de Corée pour faire connaître aux croyants les lieux saints de leur pays. L’Église de Corée a subi trois grandes vagues de persécutions, en 1839, 1846 et 1866 au cours desquelles 8 000 à 10 000 chrétiens ont été exécutés, pour nombre d’entre eux sur un même promontoire près du fleuve Han, connu depuis lors comme le « mont des décapitations ». Parmi tous ces morts anonymes, 103 martyrs à l’identité reconnue, dont des prêtres français des MEP,  ont été canonisés le 6 mai 1984 lors de la visite de saint Jean-Paul II à Séoul.

L’Église coréenne a cette particularité d’avoir été fondée par des laïcs. À la fin du XVIII° siècle, un jeune intellectuel nommé Hong Yu-han découvre des ouvrages chrétiens datant de l’époque de l’évangélisation de la Chine par le jésuite Matteo Ricci. Il se convertit, fait des émules parmi lesquels Lee Seung-hun qui  décide d’accompagner à Pékin une ambassade auprès de l’empereur de Chine pour entrer en contact avec les pères jésuites, recevoir une catéchèse et s’y faire baptiser. À son retour, il baptise ses amis et les néophytes commencent à annoncer la Bonne Nouvelle. Pendant cinquante ans, une communauté de laïcs s’organise et administre les sacrements dans l’ignorance de la tradition de l’Église. Ce n’est qu’à partir de 1835 qu’elle accueille les premiers prêtres des Missions étrangères de Paris, peu avant les premières persécutions contre les chrétiens. Après la dernière vague de persécution de 1866, le royaume de Corée accepte, sous la pression internationale, la liberté religieuse. L’Église s’organise : la cathédrale de Séoul et des églises de province sont construites. Mais l’occupation japonaise de 1910 à 1945 freine l’expansion chrétienne et les missionnaires étrangers sont chassés du pays. Dans la Corée déchirée d’après-guerre, le christianisme connaît deux destins opposés : en Corée du Nord subsiste une église des catacombes dont les membres risquent la peine de mort ; en Corée du Sud, le christianisme a connu une telle expansion qu’il est devenu la principale religion du pays avec 100 000 baptêmes chaque année.

Un pèlerinage en Corée s’inscrit non seulement dans les pas de ces martyrs dont la mémoire est honorée à travers le pays, mais aussi dans la rencontre d’une Église dynamique et très présente dans le paysage politique du pays, l’actuel président étant un catholique fervent.

Madeleine Troude