Les Médicis ont fait de Florence la capitale incontestée de la Renaissance : tous les artistes majeurs s’y sont formés et y ont travaillé. La virtuosité de ces artistes a sacralisé Florence au point qu’y partir, c’est aller en pèlerinage à la source. Mais attention, le syndrome de Stendhal ou de Florence, vous guette. Gare aux âmes sensibles !
Le syndrome de Florence est une maladie psychosomatique reconnue qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art. « J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » raconte Stendhal dans son récit de voyage Rome, Naples et Florence. Subjugué, le visiteur est submergé d’émotions. Il finit par se croire dépositaire de la vérité de l’œuvre dont il réfute violemment toute autre interprétation. Les gardiens des musées de Florence sont formés pour reconnaitre les symptômes du syndrome de Stendhal.
La crainte de cette (rare) réaction est une bonne raison pour organiser des visites équilibrées. Comme l’indigestion de visites est un syndrome courant, le voyageur n’en sera que mieux servi.
Conseil n°1 : répartir les visites incontournables (les Offices, le palais Pitti, le Bargello, le palazzo Vecchio, l’Académie, le Duomo et son baptistère, San Marco, le palazzo Medici Riccardi) à raison d’une par jour, un jour sur deux. Impossible de tout voir, tant mieux, il faudra revenir. C’est la condition pour éviter le consumérisme culturel.
Conseil n°2 : alterner chaque journée dans Florence par une journée à la campagne : s’émerveiller d’un ou deux villages sortis directement d’une fresque de Ghirlandaio, découvrir une ou deux villas médicéennes, visiter la cave d’un grand cru du Chianti ou suivre une chasse à la truffe avant de la râper sur une tartine grillée… On compte 16 villas médicéennes majeures et plus d’une vingtaine secondaires sans compter celles que les Médicis n’ont pas réussi à accaparer comme les villas Grabau, Reale ou Torrigiani.
Conseil n°3 : compléter avec des pépites que seuls les vrais connaisseurs visitent : petites églises, oratoires ou cénacles qui recèlent de véritables chefs d’œuvre, avec un apéritif dans un palais privé pour clore l’une des journées ou un après-midi de lèche vitrine dans la capitale du travail du cuir.
Conseil n°4 : privilégier un hôtel à la campagne. N’en déplaise aux inconditionnels du centre-ville où tout se fait à pied, la verdure apaisera les cœurs palpitants.
Alain Deblock