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Les Pouilles, finis terrae

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Les Pouilles - Art & Histoire

Les Pouilles, finis terrae

« En Italie il y a autant de voyages que de régions. On ne fait pas le même voyage selon l’endroit où l’on va et le sud est extrêmement dépaysant » dit Laurent Gaudé dans Le Soleil des Scorta.

Sur cette terre des confins, aux marches de l’orient, drapée d’austérité et d’exubérance, l’imagination se déploie d’autant mieux que la rudesse de la vie contraint. Les Pouilles sont la corne d’abondance de ce sud aride. Architecture et décors luxuriants s’y épanouissent librement. Les nombreuses invasions, influences et affinités changeantes y ont imprimé leur sceau. Sillonnées par les croisés et les pèlerins du XIII° siècle, les routes se sont émaillées d’églises et de châteaux médiévaux.

Ici, on a un attachement jaloux à sa terre et il faut l’entremise d’une ambassadrice titrée pour s’introduire dans des palais gardés comme des places fortes.

Imaginez un programme qui s’écarte des circuits traditionnels et propose à la fois des visites publiques de lieux exceptionnels et des visites de palais privés où, accueillis par les propriétaires, on mène grand train le temps d’un dîner aux chandelles.

De place en place, de Bari à Otrante, d’églises en palais, les styles, byzantin, roman, baroque et rococo se mêlent et s’entremêlent. Les vestiges sobres d’un passé austère côtoient les fastes flamboyants de l’esthétique baroque.

Les arbres généalogiques des grandes familles qui ouvrent les portes de leurs demeures au visiteur privilégié s’enracinent dans l’histoire mouvementée de la région et les anecdotes contées relatent aussi bien les faits glorieux d’un ancêtre croisé que les fortunes de la famille Bonaparte.

Les mauvaises liaisons routières ont préservé pendant longtemps la région d’un tourisme de masse ravageur. La côte n’est jamais loin. Ciel bleu profond, mer turquoise, coques multicolores des barques de pêche, murs blancs étincelants ou roses poudrés, écrin polychrome d’un patrimoine unique. L’ombre désaltère. L’harmonie du soir, si chère à Baudelaire, apaise le regard saturé.

Madeleine Troude