Lorsque l’on ne cherche pas à organiser un pèlerinage, comment aborder la lecture d’une fresque sans comprendre un iota du message voulu par Raphaël ou le Bernin ? Comment éviter de braquer avec une démarche trop spirituelle des jeunes qui n’en veulent pas ? Et si vous visitiez Rome à l’école du fait religieux ?
Le fait religieux se qualifie par trois caractéristiques. 1° Il se constate comme un fait évident : par exemple, les sacrifices d’animaux étaient pratiqués par beaucoup de religions (juifs, musulmans, païens,…). 2° Un fait ne préjuge pas d’une valeur ou d’une croyance. Il est neutre. Pas besoin d’être chrétien pour constater que l’Église s’est toujours investie dans des œuvres sociales en continuité de services sociaux de l’empire. 3° Il englobe dans son analyse les différentes religions et n’a pas à se poser la question de ce qui est plus vrai. Toutes les religions ont un espace sacré.
A contrario du relativisme, elle invite à poser un regard critique qui met de côté les préjugés. Et Rome est l’un des plus beaux lieux pour s’y exercer. Comprendre les dénominateurs communs entre plusieurs religions pour mieux connaître le christianisme ? Comprendre ce qui caractérise la Révolution Chrétienne dans un monde païen. Pourquoi les premiers chrétiens ne choisissent pas pour leur rituel, des lieux sacrés mais des salles de réunion ? Les chrétiens ne font pas de sacrifices et se limitent aux offrandes. Les tombes en « loculi » incarnent une nouvelle vision sociétale plus égalitaire. Quand les premiers chrétiens récupéraient parmi les détritus, les enfants morts prématurés, pour leur donner une sépulture décente parce qu’ils étaient déjà pleinement humains, c’était cette révolution qui était en marche.
La chrétienté reprend, hérite, modifie et invente : l’art baroque se réapproprie les vertus cardinales grecques pour décorer les pendentifs des coupoles de Sainte-Agnès ou de Saint-Nicolas des Lorrains et les présenter comme le chemin à suivre pour accéder au salut…
La lecture des faits, des événements, des symboles permet d’éclairer l’intelligence de notre propre religion et invite à une belle catéchèse.
Alain Deblock