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Nous avons rendez-vous à Nazareth !

Un article de Laurent Guillon Verne pour Terre Sainte Magazine

Israël & Palestine - Pèlerinage

Nous avons rendez-vous à Nazareth !

Sœur Joséphine, clarisse de Nazareth, et le pape Paul VI, restent les meilleurs guides pour une visite actuelle de la ville où Jésus a grandi. Ainsi se forme une tradition qui s’ajoute à celle des siècles d’Histoire d’un des lieux les plus vénérés par les chrétiens.

Que reste-t-il aujourd’hui de ce Nazareth du temps de Jésus ?

Le hameau de l’époque a fait place aujourd’hui à la plus grande ville arabe du pays, avec plus de 75 700 habitants (en 2015) sans compter le développement de Nof Hagalil (nouveau nom de Nazareth Illit depuis 2019) créée par les autorités Israéliennes en 1956 pour “judéiser” la haute ville.

Pour les nombreux groupes de pèlerins francophones qui ont pu la rencontrer, sœur Marie-Joséphine, clarisse à Nazareth, décédée la veille de l’Assomption en 2014, est incontestablement celle qui nous parlait le mieux de ce lieu. Libanaise arrivée en 1936 à l’âge de 20 ans comme jeune novice au couvent de Nazareth, elle racontait la découverte de ce petit hameau sans voiture, sans eau courante, ni électricité, ni gaz. Une petite route de rien du tout et, au bout du village, la fontaine de Marie, seule source de Nazareth ; tout autour, les collines où la nature règne en maître, les habitants, pour la plupart nu-pieds, vaquant à leurs occupations quotidiennes. C’est là, disait-elle, dans ce dépouillement qu’a eu lieu le plus grand mystère : Dieu ! Dieu l’infini, le tout puissant, Dieu s’est fait homme dans le sein de Marie. Devant les pèlerins suspendus à ses lèvres, elle sortait d’une enveloppe une image de la sainte Famille : “Dieu, bébé !” disait-elle. “Pèlerins ! n’ayez pas peur de Dieu ! Qui peut avoir peur d’un bébé ? Nazareth c’est l’infini, 30 ans où la Parole de Dieu a gardé le silence”. Continuant ainsi, elle en venait à parler de l’eucharistie, elle évoquait saint Louis, et avec émotion Charles de Foucauld venu habiter au couvent à Nazareth, et son attachement à la France.

Une démarche, une invitation

La puissance évocatrice des paroles de sœur Marie-Joséphine peut être une proposition pour pèleriner à Nazareth. En commençant par l’église Saint-Gabriel : la crypte qui protège la source de l’ancienne fontaine est à l’intérieur de l’église orthodoxe actuelle, construite sur les vestiges d’églises byzantine et croisée. Elle fut bâtie pour perpétuer une tradition d’origine grecque d’après laquelle la sainte Vierge, puisant de l’eau à cette source, y aurait été saluée une première fois par l’archange Gabriel. Rentrée immédiatement dans sa maison, Marie y aurait eu une seconde apparition du messager céleste. Traversant des souks nous passons devant des ateliers de menuisiers pour déboucher ensuite sur l’église grecque catholique. Là, on trouve une salle qui date de l’époque des croisades. La tradition situe ici la synagogue dans laquelle l’Évangile évoque Jésus faisant la lecture du livre d’Isaïe devant l’assemblée, un jour de sabbat (Lc 4, 16-30). Enfin on atteint la maison de Marie. La succession des bâtiments sans cesse reconstruits les uns sur les autres, nous offre aujourd’hui une basilique sur deux étages. La basilique de l’Annonciation, par la diversité des matériaux et décors qui la construisent, est l’illustration parfaite de l’universalité des nations promises au Salut. Dans la basilique inférieure, on s’approche au plus près de la grotte de l’Annonciation : ici, depuis plusieurs années, les franciscains invitent à demeurer en silence. Cette invitation au silence fait écho à l’homélie de Paul VI lors de l’inauguration de la basilique en janvier 1964 : le pape proposait trois brèves leçons à retenir de Nazareth.

Une leçon de silence : Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’Esprit ; en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de tracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hypersensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul connaît dans le secret.

Une leçon de vie familiale : Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail : Nazareth, ô maison du “fils du charpentier”, c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain : rétablir ici la conscience de la noblesse du travail ; rappeler ici que le travail ne peut pas être une fin en soi mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.

Mystère de cette vie humble et cachée, prélude à la vie publique de Jésus, lieu où se fonde l’Incarnation, Nazareth nous conduit à la contemplation, à l’intériorité.

Laurent Guillon Verne

Terre Sainte Magazine, N° 680,  juillet-août 2022, pages 12-13

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