Le Vietnam est une terre de pèlerinage. La Vang (lieu marial), la mémoire des nombreux martyrs chrétiens, les traces des missionnaires de France (Alexandre de Rhodes et d’autres), les liens profonds et anciens entre l’église de France et les communautés chrétiennes du Vietnam en attestent. Le Vietnam figure parmi les destinations passionnantes pour effectuer un pèlerinage! Pourtant, s’il est un pays où il faut maîtriser ses ardeurs religieuses, c’est bien au Vietnam ! L’état demeure idéologue et policier à l’égard des chrétiens. Pas de difficulté pour visiter les églises et participer aux offices… mais le guide local est garant du programme et des personnes avec lesquelles vous parlez. Il rend des comptes quotidiennement. Organiser des rencontres est très difficile. Cela met en danger vos interlocuteurs. Pour répondre à des demandes pressantes formulées par certains groupes qui souhaitent absolument des rencontres et insistent sans prudence, nous avons consulté à nouveau plusieurs experts (Missions étrangères de Paris, Enfants du Mékong, Jésuites, notre correspondant chrétien au Vietnam…). Leur réponse, unanime, nous conduit à conseiller la plus grande prudence. Soit les personnes rencontrées seront mises en danger dans leur vie personnelle et familiale si elles ont une parole trop libre. Soit elles ne représenteront qu’une certaine frange de l’église, inféodée au régime… Il est difficile pour la culture occidentale de comprendre que malgré les apparences de liberté, la situation est complexe et que les rencontres peuvent être un jeu de dupes… La courtoisie vietnamienne n’opposera jamais un refus. Ce n’est pas tromperie mais marque culturelle. La délation est aussi partout à l’œuvre et souvent même à l’intérieur des communautés chrétiennes. Promettre un voyage au Vietnam avec des rencontres lorsque le groupe est de plus de 10 personnes est un leurre. Médiocre réussite pour un pèlerinage! Les Vietnamiens, si chaleureux, vous accueilleront volontiers et sans problème dans leurs églises pour vivre avec eux les offices. N’est-ce pas une excellente manière de partager leur destin, leur espérance et de les respecter ?
Alain Deblock