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À l’aube du IIIe millénaire avant J.-C., l’Égypte baignait dans le polythéisme, où chaque cité et village adorait ses propres dieux. L’ascension d’Amon, d’abord une divinité thébaine, s’est amplifiée pendant le Moyen et le Nouvel Empire, notamment en raison de l’origine thébaine des rois des XIIe et XVIIIe dynasties. Le clergé d’Amon a joué un rôle central dans la politique et la succession royale. Malgré cela, le polythéisme restait de mise même sous l’égide d’Amon-Ré, la divinité suprême du Nouvel Empire.
L’éloge « Tu es unique » adressé à Amon (ou Ptah, ou Osiris) pourrait suggérer une certaine perception de l’unité divine au sein de la multiplicité des dieux. Toutefois, ces divinités multiples étaient adorées simultanément, sans qu’aucune forme unique ne soit privilégiée. Cette pluralité divine permettait aux fidèles de se tourner vers le dieu qui leur était le plus proche, souvent celui de leur communauté ou associé à leur nom de famille, sans pour autant rejeter l’existence des autres divinités. Ainsi, le système religieux égyptien incarnait à la fois la diversité et l’unité des divinités, offrant une expérience spirituelle complexe mais cohérente pour les croyants.
Dès sa quatrième année de règne, le nouveau pharaon institua le culte exclusif d’Aton, considéré comme le créateur de l’univers, de la nature et de toute forme de vie, unifiant ainsi tous les cultes précédents. Aton était vénéré comme la quintessence de la vérité et de l’amour, la source de tous les bienfaits terrestres tels que l’affection, la santé, le bien-être et la beauté. L’impulsion révolutionnaire d’Akhenaton résidait dans sa croyance en un dieu unique et dans son interdiction du culte des autres divinités, faisant de lui le père du monothéisme.
Sa vision de Dieu et de la religion était tout aussi novatrice et révolutionnaire. Pour la saisir pleinement, il est nécessaire de se plonger dans sa poésie, en particulier dans son hymne dédié à Aton.
« C’est toi qui fais se développer les germes chez les femmes,
Toi qui crées la semence chez les hommes ;
Toi qui vivifies le fils dans le sein de sa mère,
Toi qui l’apaises avec ce qui fait cesser les larmes,
Toi, la nourrice de celui qui est encore dans le sein
Toi qui ne cesses de donner le souffle pour vivifier chacune de tes créatures. »
Un dieu source de toute vie.
« Tu as créé l’univers selon ton désir,
Tandis que tu demeurais seul, hommes, troupeaux, bêtes sauvages,
Tout ce qui est sur terre et marche sur ses pattes,
Ce qui est dans les hauteurs et vole, ailes éployées,
Les pays de montagne : Syrie et Soudan
Et la plaine d’Égypte. »
Comment ne pas faire le parallèle avec la Genèse ?
« Tu as mis chaque homme à sa place et as pourvu à son nécessaire.
Chacun possède de quoi manger et le temps de sa vie est compté.
Les langues sont variées dans leurs expressions ;
Leurs caractères comme leurs couleurs sont distincts,
Puisque tu as distingué les étrangers. »
Un humaniste. Un amour de l’humanité entière ?
À la lecture de ce poème, on ne peut que discerner l’universalité du message, ainsi que la relation singulière entre Aton et les hommes, empreinte de sentiments, de générosité et d’amour. Aton prend soin de chacun.
Pendant leur règne, Akhenaton et Néfertiti ont entretenu une complicité exceptionnelle, tant sur le plan amoureux, familial que politique et religieux. Néfertiti participait à certaines tâches sacerdotales aux côtés de son époux, un rôle traditionnellement réservé aux seuls monarques.
Akhenaton demeurera un souverain incompris en raison de sa vision mystique, qui dépassait l’entendement commun, et de sa tentative hâtive d’imposer un idéal que son peuple n’était pas prêt à embrasser. Sa conception universelle de la divinité était trop abstraite pour être pleinement saisie. Seul le roi et son épouse comprenaient pleinement les nuances de leur nouvelle religion. Le peuple ne parvint pas à appréhender pleinement la beauté de ce culte. Ses successeurs effacèrent toute trace de ce roi incompris, en conflit avec les prêtres. Ses cartouches furent martelés, ses statues brisées, et sa momie ne fut jamais retrouvée.
Alain DEBLOCK
Écrit le 21/02/2024
Prise de conscience lors de notre voyage en famille et entre amis en Égypte.
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