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L’Inde du Sud, lieu de mémoire

Pèlerinage

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L’Inde du Sud, lieu de mémoire

En chacun de nous, il y a une Inde fantasmée, exotique et saturée d’images… L’Inde de Rudyard Kipling à la nature luxuriante, sauvage et mystérieuse… L’Inde populeuse, assourdissante, enchantée de couleurs vives dépeinte dans le film The Lunch Box… L’Inde des castes et de la pauvreté, sans pitié… L’Inde pacifiste de Gandhi… L’Inde coloniale des tea parties, du cricket et des soirées chez le gouverneur …

Autant de qualificatifs énonciateurs de la fascination exercée par le sous-continent !

Cependant, il ne nous vient pas spontanément à l’esprit d’assembler Inde et christianisme. À première vue on se dirait bien qu’il s’agit d’un oxymore. Et pourtant… l’Inde du sud a connu deux vagues de christianisation.

La première fut le fait de l’apôtre Thomas qui, vers l’an 52, se rendit à la rencontre des communautés juives installées au Kerala et serait mort martyre à Maïlapur dans la région de Madras en 72. Lui succédèrent des missionnaires de l’église syriaque, si bien qu’au II° siècle, l’existence d’une église chrétienne en Inde fut attestée par le voyageur Panthène d’Alexandrie et, qu’au IV° siècle, on comptait environ 30000 chrétiens au Kerala. Ces premiers chrétiens d’Inde furent appelés les chrétiens de saint Thomas par les colons portugais.

La seconde vague de christianisation fut catholique et correspondit à l’arrivée de Vasco  de Gama et à la fondation  de la colonie portugaise dont Goa devint la capitale puis le premier diocèse en 1533.

Les puissances européennes installèrent leurs comptoirs ; les missionnaires suivirent. Très vite, à la suite de saint François-Xavier, les Jésuites se rendirent compte que pour atteindre le peuple indien il était nécessaire de parler sa langue et d’adopter son mode de vie. Les frères décidèrent alors de pénétrer le pays pour y fonder des missions.

Il y aurait aujourd’hui environ 27,8 millions de chrétiens, soit 2,29% de la population indienne, bien représentés dans les institutions de l’État et détenant les trois quart des hôpitaux et dispensaires et deux tiers des écoles, leurs universités comptant parmi les plus réputées d’Inde.

Malheureusement, depuis 2014, le gouvernement hindouiste nationaliste fait peser une lourde menace sur eux : la loi anti-conversion qui interdit à tout hindou de se convertir au christianisme sous peine d’encourir une amende de 1500€ et quatre ans de prison. Six États ont actuellement adopté cette loi et des faits violents de persécutions envers les chrétiens ont placé depuis lors l’Inde au 15ème rang sur l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens en 2017.

Madeleine Troude